Un siècle de Radiodiffusion

              

 

Se perdant dans les méandres du temps, les débuts de la radiodiffusion sont aujourd’hui souvent méconnus et leurs déroulements parfois déformés. Il y a déjà un siècle ! Les acteurs et témoins de l’époque sont tous disparus. Nous sommes dans la décennie de la commémoration, illustrée par le triste démantèlement  des pylônes de nos émetteurs grandes ondes et petites ondes, et puis cette année c’est le centenaire, évoqué par les commentateurs dans tous les médias en diffusant légendes, dates parfois erronées et confusions techniques.

En 1921, la radio existait déjà, souvenez-vous de la Première Guerre Mondiale et le rôle décisif qu’elle joua avec la tour Eiffel dans l’issue du conflit.
Contrairement à la radiotélégraphie par découpage d’une onde radioélectrique, qui démontra sa souplesse et son efficacité, incorporer dans l’onde porteuse la parole ou la musique, puis la véhiculer, s’avérait plus complexe.

Rappelons que dès 1914, Albert Ier, le roi des Belges curieux de la téléphonie sans fil, avait fait installer un poste émetteur au château royal de Laeken, près de Bruxelles qui fut entendu à Paris sur les postes à galène.

A partir de 1917, avec l’effort de guerre initié par le général Ferrié, les lampes triodes étaient  produites d’une manière industrielle et le premier poste expérimental en radiotéléphonie était  installé au Champ de Mars devant l’Ecole Militaire.
Mais il fallut attendre encore pendant quatre longues années la révolution radiophonique,  durant lesquelles les protagonistes, qui avaient pour mission de tenir en haleine l’opinion publique en organisant des démonstrations, menaient bon train, mais discrètement, leurs expériences.

Enfin, le 26 juin 1921, un concert radiophonique fut donné en l'honneur d' Edouard Branly ; le son d’un phonographe capté par un microphone était envoyé sur une ligne téléphonique vers un émetteur à triodes de 10 W installé à l'usine de la Société Française Radioélectrique à Levallois, pour le ravissement d’un public limité d’amateurs chevronnés.
L’année 1921 marqua un grand pas dans l'histoire des radiocommunications, ce fut celle de l'inauguration du Grand centre français de Sainte Assise en Seine et Marne, près de Melun, dont les antennes surplombent encore aujourd’hui la vallée de la Seine. 
Le 26 novembre 1921 une audition solennelle fut organisée où l’on demanda à Yvonne Brothier de l’Opéra Comique, de se rendre à Sainte Assise pour chanter sur place devant le microphone connecté directement à l’émetteur, comme on le voit sur la photo.

Figure 1 yvonne brothier a ste assise
En décembre une autre démonstration eut lieu lors d’un grand gala sur les Champs Elysées durant lequel la musique était transmise depuis la station de Sainte Assise. 

Puis en 1922 la tour Eiffel débuta ses émissions en offrant un service régulier avec 1,5 kW sur 2600 mètres, programme seulement dédié au début à la lecture du bulletin météorologique agrémenté de quelques disques, qui s’étoffa ensuite peu à peu avec des radio concerts diffusés dans la soirée. Le Radio club de France organisa le 25 mai 1922 une ultime démonstration qui réunissait au Trocadéro un auditoire de 4 000 personnes, avec le service de l'émetteur S.F.R. de Levallois d’une puissance de 2 kW fournie par un alternateur. 
Ce n'est qu'en novembre 1922 que les concerts de Radiola furent autorisés par les P.T.T. avec l’émetteur de Levallois sur 1565 mètres. Ils avaient lieu dans l'auditorium aménagé dans la cave du 79, boulevard Haussmann, où était situé le magasin Radiola, avec le fameux speaker Radiolo.
Le  22 novembre 1922, la comtesse Mathieu de Noailles reçut dans l'auditorium de Radiola le baptême des ondes en contant au micro quelques-uns de ses poèmes.

Figure 2 la comtesse de noailles au studio radiola
En 1922 également, le poste de l’Ecole supérieure des P.T.T. constitua la première réalisation en Europe d’une station en Ondes Moyennes sur 500 mètres, projet qui allait donner le jour à notre réseau national régional en Petites Ondes.

La radiodiffusion, la radiophonie comme on disait à l’époque, commençait à prendre tournure et il semblait utile de rappeler dans les grandes lignes quels furent ses balbutiements, il y a 100 ans…

Concert a la tour eiffel

Daniel Maignan/F6HMT 

Avec extraits d’un article paru dans la revue le Haut-Parleur de Jean-Gabriel POINCIGNON, fondateur du journal, et de l’annuaire de la radiodiffusion nationale des P.T.T.
 

Date de dernière mise à jour : 04/06/2024

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