Ma première récolte

Chronique d’un apiculteur débutant en Aquitaine


Figure 1 recolte 2024Ma lointaine passion pour l’apiculture s’est enfin concrétisée début 2021 par la construction, à partir de plans trouvés sur le net, d’une ruche « kenyane » ou « TBH par les anglophones :  Top Bar Hive », qualifiée par ses promoteurs de simple à construire, mais qui en réalité est bien plus difficile à réaliser qu’une simple ruche Dadant, en raison de sa coupe trapézoïdale. J’ajouterais même que je ne partage pas l’avis sur son exploitation respectant les abeilles, sachant que faute de matériel adapté, il faut passer les rayons au pilon puis récupérer le miel avec une passoire, en détruisant leur ouvrage et supprimant entre autres l’action de léchage. 
Mon amie Adeline d’Audenge, une apicultrice chevronnée, vint installer le 1er juin 2021 une petite colonie dans ma kenyane sur 8 cadres. 

La température était alors caniculaire et déjà les frelons asiatiques, peu nombreux certes, débutaient leur prédation.
Vers le 15 juin, avec une canicule persistante dépassant les 40°C, les abeilles faisaient la barbe sur la planche d’envol.
Puis vers le 20 juin, je palliais le manque de nourriture avec du sirop 50/50 absorbé rapidement et réapprovisionné sous les cadres dans un plateau tous les trois jours.

Figure 2 adeline
       
Adeline devant une ruche kenyane 


Mais j’observais un taux de mortalité important, jusqu’à plusieurs dizaines d’abeilles mortes, voire plus d’une centaine par jour.
La ruche en plein soleil fut déplacée petit à petit de 3 mètres sous un arbre et la colonie semblait récupérer et le nourrissement bien fonctionner, et j’avais construit une muselière anti frelon que j’installais sur la planche d’envol (figure 3).

Figure 3 museliere anti frelon 13mmMuselière anti frelons pour la ruche kényane

J’ouvrais la ruche tous les 3 jours, sans ôter les cadres bien entendu, mais seulement la partition afin de remplir le récipient de sirop. Mais vers le 15 juillet, constatant toujours une dizaine d’abeilles mortes sur le plancher, je me rendais compte de la diminution graduelle de la colonie et l’absence d’abeilles sur les derniers cadres, auparavant bien remplis.
Fin août, la fausse teigne profitant des cadres vides et de la faiblesse de la colonie, s’était installée et ses larves d’un développement rapide, avaient déjà partiellement détruit trois cadres que j’ôtais immédiatement pour les placer pendant trois heures au congélateur, un procédé efficace pour se débarrasser de cet intrus. Je déposais également une coupelle de  vinaigre de vin sur les barres.
L’observation régulière de la petite colonie restante sur 4 cadres montrait cependant une activité soutenue et une bonne rentrée de pollen, mais il n’y avait pas de couvain et je ne trouvais pas la reine. Les cadres restants étaient cependant bien remplis de miel operculé ou non.
Cependant la colonie disparut peu à peu et je dus me résigner à attendre le printemps 2022 pour installer une seconde  colonie qui fut également un échec.
Enfin en mai 2023 Adeline installa une nouvelle petite colonie que je surveillais de près et nourrissais tous les trois jours, sans bouger les cadres. Au bout d’à peine une semaine, de grosses boules de pollen commençaient à rentrer, preuve de la ponte de la reine.
Ensuite début juin je fis l’acquisition d’une Dadant 10 cadres + hausse et d’une colonie saine et forte et je préparais d’emblée les cadres de la hausse pour la poser lorsqu’il y aurait au moins 6 cadres de couvain dans le corps de ruche.

Figure 4 les deux ruches Les deux ruches

Je continuais à nourrir la kenyane.
J’installais les muselières fin juillet car le nombre de frelons asiatiques augmentait d’une manière drastique, puis début août commençais à nourrir la Dadant avec du sirop 50/50, car une quantité importante d’abeilles tombaient au pieds de la ruche ; elles étaient affamées: en un jour 1 litre consommé, puis 1 litre tous les deux jours!
La kenyane restait faible et Adeline me proposa d’installer un nouvel essaim pour renforcer la colonie, opération délicate nécessitant certaines précautions. Mais la cohabitation fut un échec car les nouvelles venues exécutèrent leurs hôtes, je dus débarrasser le plancher de quelques centaines de cadavres. 
A partir du 15 octobre, je débutais la nourriture des deux ruches au sirop 70/30.
Puis début novembre, avec la baisse des températures, les ruches étaient calfeutrées et je déposais une poche de 2,5 kg de candi dans chacune d’elles. Encore peu de consommation fin novembre, mais à la visite de printemps les deux sacs étaient vides et bien nettoyés ! 
A ma grande satisfaction, les deux colonies avaient bien passé l’hiver.

Je ferais abstraction dans ce récit des pratiques à suivre pour bien débuter une nouvelle saison, en ce qui concerne l’observation de la population, de la quantité de couvain et la rentrée de pollen, ainsi que le nourrissement et la pose des hausses, dont la mise en place dépend du climat, du lieu etc.

Enfin ce 31 juillet 2024 je prélevais cinq cadres de la hausse Dadant qui nous donnèrent en sortie de centrifugeuse dans la miellerie d’Adeline 4,5 kg de miel et nous passâmes au pilon un cadre trapézoïdal de la kenyane rempli à ras bord qui nous en donna 1,5 kg.
Merci à Annie, mon épouse qui se chargea du pilonnage, du filtrage et de la mise en pot de tout ce miel. 

                             

Figures 5 et 6 mise en pots

                                                                                                                       

Mise en pots 

 

Figure 7 recolte 2024

   La récolte

 

Epilogue :

Les abeilles sont des insectes fragiles et la vie de la colonie repose sur un équilibre précaire.  Comme l’illustre cette histoire, le débutant apiculteur, bien qu’accompagné, termine souvent la saison par un échec. 
Si votre passion demeure la plus forte, il faut persévérer, demander conseil, se documenter en puisant dans la littérature abondante sur le sujet, noter ses observations et ses interventions, consulter les tutoriels, et à ce propos je vous recommande ceux de FRED07 clairs et explicites.
Le succès sera forcément au bout du chemin.
Je termine en adressant un grand merci à Adeline pour sa disponibilité et ses conseils.

----------------------------

Au sujet du frelon asiatique :

Les frelons asiatiques sont des prédateurs redoutables pour les abeilles qu’ils attrapent en vol devant la ruche.
En maintenant une surveillance soutenue, j’ai observé en ce mois d’août 2024 jusqu’à 60 individus par jour, soit approximativement 30 à 50% de plus qu’en 2023, ce qui m’autorise à estimer la présence d’au moins trois nids à proximité. 
En Aquitaine leur activité perdure jusqu’au mois de décembre !
Cependant il semble que les abeilles aient acquis à mesure du temps une défense plus efficace, malheur à celui qui franchit la muselière ! 

Dans la mesure du possible, j’utilise une tapette pour les éliminer, ou bien ils se font griller en franchissant les deux harpes 12 kV que j’ai installées en retrait de chaque ruche et placées au dessus d’un récipient rempli d’eau. Les frelons tournent souvent autour des ruches ou bien se battent lorsqu’ils proviennent d’un nid différent, ce qui les conduit à franchir le rideau de fils, 15 à 20 % sont exterminés de la sorte. 
Pour en savoir plus, cliquer sur le lien :

https://maignan-daniel.e-monsite.com/pages/radio-et-nature/un-generateur-tht.html

Daniel Maignan
 

 

 

Date de dernière mise à jour : 13/08/2024

Ajouter un commentaire